La Pensée de SOEREN KIERKEGAARD
I - L’EXISTENCE : Point de départ et but de la pensée : KIERKEGAARD CONTRE HEGEL
Kierkegaard s’est opposé à la pensée hégélienne sur sa tendance excessive à la conceptualisation ; il développe le principe de la singularité de l’existence en remettant en valeur la place d’éléments comme l’angoisse , le désespoir, la liberté, la passion dans le développement de la conscience et de la personnalité ;
Kierkegaard élabore une philosophie de l’ individu dans sa subjectivité ;
Le tableau suivant met en opposition les 2 types de pensée
KIERKEGAARD | TENDANCE HEGELIENNE | |
| "MASSE" | |
| IMMANENT | |
| LA RAISON | |
| ESSENCE | |
| CONCEPT | |
| LA VERITE SCIENTIFIQUE | |
| LE PANTHEISME ROMANTIQUE | |
| HISTORICISME UNIVERSEL |
La pensée de GWF Hegel ( 1770 -1831 ) a joui au XIX° siècle de label de pensée officielle en Prusse ; il a incarné la référence philosophique de l’idéalisme allemand ;
Kierkegaard s’en est inspiré ; mais conteste le rôle de l’ESSENCE comme primum movens dans le développement de la conscience et de la personnalité;
En effet la pensée de HEGEL tendait à réduire la réalité à l’essence ( ensemble des propriétés qui caractérisent un être ; cette notion s’oppose à l’existence qui est le simple fait d’être là et de surgir dans le monde ) et est orientée autour de 3 axes :
1° L’intérêt du concept dans la représentation philosophique avec la construction de Système
Hegel avait comme ambition d’élever la philosophie au rang de science ; « tout ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel » ; tout est explicable, et ce qui n’est pas immédiatement explicable semble en apparence irrationnel ;
La philosophie est un SYSTEME c'est-à-dire un tout organisé constitué par l’ensemble des idées contemporaines ou passées articulées selon une construction logique et cohérente ;
La base de la connaissance est la conceptualisation de la réalité empirique ;
Le Concept est « l’élément vivant de la réalité ; une forme dynamique se développant dans le réel et permettant, par sa rigueur, de construire un savoir universel »
2° la dialectique spéculative dans la présentation de la vérité
La dialectique est une technique de raisonnement qui met en parallèle la contradiction entre une thèse et son antithèse ; la synthèse finale permet de dépasser ce conflit ; la dialectique s’exprime par une division ternaire : position, opposition, composition ;
Le système hégélien détermine des identités de différences sous forme de cercles englobant une unité organique, et qui s’enchaîne au cercle de l’unité suivante ; le tout se présente « comme des cercles de cercles, dont chacun est un moment nécessaire, de telle sorte que le système de leurs éléments propres constitue l’IDEE tout entière, qui apparaît aussi bien en chaque élément singulier »
3° Le réel présenté comme un substrat pensé et signifiant à l’intérieur du système.
Le réel n’est pas ce qui existe c'est-à-dire l’immédiateté des choses ; l’existence aussi variée qu’elle puisse être, n’est réelle que si elle peut être pensée à l’intérieur d’un système ; la réalité rationnelle ( euphémisme ) dépasse la simple existence ;
Kierkegaard a réagit contre cette pensée officielle dans un manifeste « POST SCRIPTUM » un des points essentiels est que la pensée abstraite est impuissante à comprendre l’existence ; plusieurs éléments sont développés :
- il est impossible de limiter l’existence à un système ; toute existence est individuelle, singulière et ne peut se réduire à la généralité d’un concept ; l’existence individuelle est tourmentée par l’angoisse et la souffrance ; cette notion singulière échappe au concept ;
« L’existence sépare les choses et les tient distinctes ; le système les coordonne en un tout fermé » ; l’existence ne peut être enfermée dans un tout philosophique organisé ; Le concret ( produit par l’expérience ) conserve une abondante richesse que le concept ( produit par la pensée ) ne peut exprimer. « L’existence laisse un choix entre d’infinis possibilités et chaque alternative est incertaine ou fugace ; or un système ne peut se concevoir que pour ce qui est nécessaire et non ce qui est seulement possible ».
L’existence ne peut être mise en système car elle échappe à tout objectivité et donc à toute logique ; Kierkegaard fait une place au mystère et à la transcendance ; L’existence pourrait être un système du point de vue absolu de Dieu mais pas pour l’esprit humain ;
- toute vérité est subjective ; la philosophie n’est pas un concept universel ; chaque individu a sa propre philosophie, témoin de sa propre existence avec ses contradictions et sa subjectivité ;
L’erreur est l’abstraction car celle ci se veut éternelle et ne s’inscrit pas dans la temporalité ; ce que Hegel nomme « sub specie aeterni » la pensée éternelle « ne tient pas compte du concret, de la temporalité, du devenir propre de l’existence et de la misère que connaît l’existant du fait qu’il est une synthèse d’éternel et de temporel, plongée dans l’existence. »
L’erreur est l’abstraction car celle ci se veut éternelle et ne s’inscrit pas dans la temporalité ; ce que Hegel nomme « sub specie aeterni » la pensée éternelle « ne tient pas compte du concret, de la temporalité, du devenir propre de l’existence et de la misère que connaît l’existant du fait qu’il est une synthèse d’éternel et de temporel, plongée dans l’existence. »
- Kierkegaard se veut contrairement à Hegel le philosophe de l’existence ;
À ce titre il est le père de l’existentialisme ;
L’existence est le propre de l’homme ; un élément dynamique, subjectif, en perpétuelle remise en question ; la pensée ne peut être séparée de l’émotion propre à chacun ; Kierkegaard veut expliquer que l’existence ne doit pas seulement s’expliquer mais se comprendre ; la pensée n’est pas un contenu froid que l’on peut découper en concepts artificiels mais une expression intuitive et affective ;
Il n’existe pas d’existence sans passion ; Kierkegaard réhabilite la passion qui permet d’exister authentiquement « Exister, si l’on entend par là un simulacre d’existence, ne se peut faire sans passion …. L’abstraction est désintéressée, mais l’existence est le suprême intérêt de celui qui existe »
( Post scriptum aux miettes philosophiques ).
À ce titre il est le père de l’existentialisme ;
L’existence est le propre de l’homme ; un élément dynamique, subjectif, en perpétuelle remise en question ; la pensée ne peut être séparée de l’émotion propre à chacun ; Kierkegaard veut expliquer que l’existence ne doit pas seulement s’expliquer mais se comprendre ; la pensée n’est pas un contenu froid que l’on peut découper en concepts artificiels mais une expression intuitive et affective ;
Il n’existe pas d’existence sans passion ; Kierkegaard réhabilite la passion qui permet d’exister authentiquement « Exister, si l’on entend par là un simulacre d’existence, ne se peut faire sans passion …. L’abstraction est désintéressée, mais l’existence est le suprême intérêt de celui qui existe »
( Post scriptum aux miettes philosophiques ).
LES 3 SPHERES DE L’EXISTENCE
Pour Kierkegaard, la Subjectivité est la vérité ; ce qui est fondamental, ce n’est pas de savoir la vérité mais d’être dans la vérité ; la vérité de chaque vie est un cheminement singulier ;
Kierkegaard décrit les étapes de l’existence qui conduisent l’individu vers la « foi »
- Le stade ESTHETIQUE :
L’homme donne à la jouissance le but de sa vie ; il vit dans l’immédiateté mais les désirs sont nombreux d’où une recherche effrénée du plaisir sans parvenir à se défaire de soi ; en effet la soif de jouissance est inaltérable et conduit progressivement à l’ennui.
L’esthète est tiraillé par le problème de l’impossibilité du choix « ou bien …ou bien » ;
« Mariez-vous, vous le regretterez ; ne vous mariez pas, vous le regretterez aussi » l’opposition des contraires conduit à l’indifférence ou au désespoir ; tout l’art de l’esthète est de ne pas choisir, ne pas s’engager même si cette position conduit à la dérision ou au désespoir.
Kierkegaard fait référence à 3 figures :
>>>> Don Juan dont le moteur de la séduction est l’amour, non d’une femme, mais de la féminité ; il sait extraire du commun l’idéal ;
le désir sans limites de Dom Juan est une fuite éperdue dans l’instant pour échapper à la durée, à la continuité temporelle.
ce que fuit Don Juan, c’est l’engagement, la continuité.
il incarne le versant démoniaque de la séduction.
>>>> Faust, personnage de Goethe, est partagé entre le plaisir et la connaissance ; il symbolise le doute intellectuel ; il passe de savoir en savoir, ne pouvant discerner la vérité éternelle.
>>>> Le juif errant Ahasverus frappé de malédiction selon la légende médiévale, il incarne le désespoir, l’errance sans but, sans idéal.
Mais on ne peut exclure que l’homme ne soit frappé également de malédiction ; longtemps K. pensait en être frappée ; Le désir de maîtrise de son destin condamne l’homme au désespoir ;
L’esthète est tiraillé par le problème de l’impossibilité du choix « ou bien …ou bien » ;
« Mariez-vous, vous le regretterez ; ne vous mariez pas, vous le regretterez aussi » l’opposition des contraires conduit à l’indifférence ou au désespoir ; tout l’art de l’esthète est de ne pas choisir, ne pas s’engager même si cette position conduit à la dérision ou au désespoir.
Kierkegaard fait référence à 3 figures :
>>>> Don Juan dont le moteur de la séduction est l’amour, non d’une femme, mais de la féminité ; il sait extraire du commun l’idéal ;
le désir sans limites de Dom Juan est une fuite éperdue dans l’instant pour échapper à la durée, à la continuité temporelle.
ce que fuit Don Juan, c’est l’engagement, la continuité.
il incarne le versant démoniaque de la séduction.
>>>> Faust, personnage de Goethe, est partagé entre le plaisir et la connaissance ; il symbolise le doute intellectuel ; il passe de savoir en savoir, ne pouvant discerner la vérité éternelle.
>>>> Le juif errant Ahasverus frappé de malédiction selon la légende médiévale, il incarne le désespoir, l’errance sans but, sans idéal.
Mais on ne peut exclure que l’homme ne soit frappé également de malédiction ; longtemps K. pensait en être frappée ; Le désir de maîtrise de son destin condamne l’homme au désespoir ;
- Le stade ETHIQUE
Après avoir renoncé au choix pour ne renoncer à aucun plaisir, l’homme essaie de donner un sens, une valeur à son existence.
la caractéristique de cette étape est l’engagement dans la vie sociale ; il en résulte une stabilité, une continuité ; le mariage devient possible, le travail professionnel également ; l’homme accepte ses responsabilités vis à vis de soi-même ou vis à vis d’autrui ; les valeurs volontairement recherchées sont la fidélité, le devoir ( accord entre sa volonté et la vie sociale ) ; l’homme extraordinaire est l’homme extraordinaire.
Après avoir renoncé au choix pour ne renoncer à aucun plaisir, l’homme essaie de donner un sens, une valeur à son existence.
la caractéristique de cette étape est l’engagement dans la vie sociale ; il en résulte une stabilité, une continuité ; le mariage devient possible, le travail professionnel également ; l’homme accepte ses responsabilités vis à vis de soi-même ou vis à vis d’autrui ; les valeurs volontairement recherchées sont la fidélité, le devoir ( accord entre sa volonté et la vie sociale ) ; l’homme extraordinaire est l’homme extraordinaire.
- Le Stade RELIGIEUX
c’est le stade de l’espérance contre toute espérance ;
La foi est la valeur maîtresse qui permet la réhabilitation de la singularité ;
même absurde et incompréhensible ; la foi est le désespoir de la raison
L’homme est dans l’incapacité d’appréhender Dieu parce qu’il a pêché ; seul dieu est apte à libérer l’homme de ce pêché et c’est la raison pour laquelle il s’est fait homme ; la vérité ne peut être rationnellement découverte mais héritée par la foi ; la raison ne permet pas de comprendre la foi car plus qu’une pensée, c’est une passion. Même s’il est absurde de croire que dieu se soit fait homme pour sauver l’humanité, l’homme doit croire douloureusement à ce paradoxe absurde pour sa rédemption.
La foi est un engagement individuel qui isole l’homme dans une solitude absolue ; L’exemple parfait est celui d’Abraham qui accepte l’ordre de Dieu de sacrifier son unique fils, en dépit de toutes les lois morales éthique , de toute rationalité ; le commandement est absurde, mais plus c’est absurde, plus on y croit. l’obéissance à un commandement divin ressenti va entrer en rupture avec les normes sociales et provoquer une intrusion insolite de la pensée dans la vie ;
Ce choix radical est ce que Kierkegaard appelle « le saut » ;
le saut désigne le passage d’une vie inauthentique à une vie authentique ;
l’existence est authentique quand elle revendique sa liberté et en assure la responsabilité ( au risque de l’isolement et de l’erreur, de l’angoisse et de la culpabilité ) ; ce passage nécessite de traverser l’épreuve de la décision existentielle ( sprung chez Kierkegaard ) ;
Abraham s’apprête à commettre un meurtre au regard de la société, mais d’un point de vue religieux, on parle de sacrifice ; l’intention d’Abraham est l’illustration de la foi aveugle et inconditionnelle qui se substitue à la logique élémentaire.
la foi permet ce saut vers l’irrationnel ; elle n’est pas le seul fait de croire mais une mise en danger de sa vie sur des éléments irrationnels que la raison commune qualifierait de folie ; la foi donne la possibilité d’un retour à l’enfance de l’humanité par la recréation de l’alliance originelle avec le créateur.
L’objet de la foi n’est pas intellectuel, mais existentiel ; elle est le DESESPOIR DE LA RAISON ; elle est un remède au désespoir par un rapport paradoxal et subjectif avec l’Absolu.
La foi est un refuge malgré l’absurde de ses fondements ; sur le plan étymologique, absurde signifie ce qui est contraire à la logique admise ;
la foi tout en étant absurde et paradoxale ( le christ : homme dieu ), elle est un remède à l’absurde par le renoncement à la raison ;
contrairement à A Camus , qui répond à l’absurde par un saut vers l’immanence ( refus de l’espoir , de la religion comme point de départ de l’existence ) sur le principe de qui n'espère rien ne peut désespérer , Kierkegaard offre la possibilité d’un saut solitaire dans « la transcendance »
comme engagement pur et incompréhensible dans l’absolu.
c’est le stade de l’espérance contre toute espérance ;
La foi est la valeur maîtresse qui permet la réhabilitation de la singularité ;
même absurde et incompréhensible ; la foi est le désespoir de la raison
L’homme est dans l’incapacité d’appréhender Dieu parce qu’il a pêché ; seul dieu est apte à libérer l’homme de ce pêché et c’est la raison pour laquelle il s’est fait homme ; la vérité ne peut être rationnellement découverte mais héritée par la foi ; la raison ne permet pas de comprendre la foi car plus qu’une pensée, c’est une passion. Même s’il est absurde de croire que dieu se soit fait homme pour sauver l’humanité, l’homme doit croire douloureusement à ce paradoxe absurde pour sa rédemption.
La foi est un engagement individuel qui isole l’homme dans une solitude absolue ; L’exemple parfait est celui d’Abraham qui accepte l’ordre de Dieu de sacrifier son unique fils, en dépit de toutes les lois morales éthique , de toute rationalité ; le commandement est absurde, mais plus c’est absurde, plus on y croit. l’obéissance à un commandement divin ressenti va entrer en rupture avec les normes sociales et provoquer une intrusion insolite de la pensée dans la vie ;
Ce choix radical est ce que Kierkegaard appelle « le saut » ;
le saut désigne le passage d’une vie inauthentique à une vie authentique ;
l’existence est authentique quand elle revendique sa liberté et en assure la responsabilité ( au risque de l’isolement et de l’erreur, de l’angoisse et de la culpabilité ) ; ce passage nécessite de traverser l’épreuve de la décision existentielle ( sprung chez Kierkegaard ) ;
Abraham s’apprête à commettre un meurtre au regard de la société, mais d’un point de vue religieux, on parle de sacrifice ; l’intention d’Abraham est l’illustration de la foi aveugle et inconditionnelle qui se substitue à la logique élémentaire.
la foi permet ce saut vers l’irrationnel ; elle n’est pas le seul fait de croire mais une mise en danger de sa vie sur des éléments irrationnels que la raison commune qualifierait de folie ; la foi donne la possibilité d’un retour à l’enfance de l’humanité par la recréation de l’alliance originelle avec le créateur.
L’objet de la foi n’est pas intellectuel, mais existentiel ; elle est le DESESPOIR DE LA RAISON ; elle est un remède au désespoir par un rapport paradoxal et subjectif avec l’Absolu.
La foi est un refuge malgré l’absurde de ses fondements ; sur le plan étymologique, absurde signifie ce qui est contraire à la logique admise ;
la foi tout en étant absurde et paradoxale ( le christ : homme dieu ), elle est un remède à l’absurde par le renoncement à la raison ;
contrairement à A Camus , qui répond à l’absurde par un saut vers l’immanence ( refus de l’espoir , de la religion comme point de départ de l’existence ) sur le principe de qui n'espère rien ne peut désespérer , Kierkegaard offre la possibilité d’un saut solitaire dans « la transcendance »
comme engagement pur et incompréhensible dans l’absolu.
II – Le concept d’ANGOISSE
Le concept d’angoisse est introduit dans l’œuvre du même nom publié en 1844 sous le pseudonyme de Vigilius Haufniensis ( le vigilant de Copenhague ) et avec le sous titre « simple éclaircissement psychologique préalable au problème du pêché originel »
DEFINITION : « L’angoisse est un état affectif où s’affrontent 2 possibilités, état produit par le vertige de notre liberté et lié au pêché » ;
Il existe une relation entre l’angoisse et la liberté ; face à un choix, l’engagement dans une alternative nous prive de l’alternative opposée ; l’angoisse est liée à l’entrave à la liberté que constitue la détermination raisonnée d’une attitude ;
La raison définit des positions contraires entre lesquelles on peut céder ou résister ; la tentation sexuelle en est l’illustration ; la privation de liberté naît de l’impossibilité de pouvoir choisir de nouveau ;
La liberté n’est pas pour l’homme la possibilité de pouvoir faire ceci ou cela,
« la liberté consiste à pouvoir » ;
A ce titre, la liberté est différente du libre arbitre car elle se situe dans la dimension de l’infini ;
l’angoisse ne se limite pas à la peur de choisir entre 2 alternatives ( ou bien … ou bien … ), c’est-à-dire à une réaction face au fini, au temporel mais plutôt une réaction vis-à-vis du néant, du vide, de l’infini d’où la sensation de vertige ; ce vertige métaphysique est un Vertige existentiel de la liberté qui s’angoisse d’elle-même ; la liberté est investie d’un pouvoir infini et ses choix ne reposent sur rien, toute direction est arbitraire ;
l’angoisse n’est pas une peur de la mort mais une peur de soi même ;
Cette sensation est comparable à la peur du vide qui suscite une réaction émotionnelle liée à la possibilité de disparaître dans des profondeurs abyssales sur la simple expression de la volonté ; l’angoisse est provoquée, non pas par le risque de chute fatale ( domaine du fini ), mais par l’infinité des conduites possibles dont certaines peuvent conduire au néant. « L’ANGOISSE EST LE VERTIGE DE LA LIBERTE » ; J'ai peur de tout ce que je peux faire, du pouvoir immense que me confère ma liberté.
« la liberté consiste à pouvoir » ;
A ce titre, la liberté est différente du libre arbitre car elle se situe dans la dimension de l’infini ;
l’angoisse ne se limite pas à la peur de choisir entre 2 alternatives ( ou bien … ou bien … ), c’est-à-dire à une réaction face au fini, au temporel mais plutôt une réaction vis-à-vis du néant, du vide, de l’infini d’où la sensation de vertige ; ce vertige métaphysique est un Vertige existentiel de la liberté qui s’angoisse d’elle-même ; la liberté est investie d’un pouvoir infini et ses choix ne reposent sur rien, toute direction est arbitraire ;
l’angoisse n’est pas une peur de la mort mais une peur de soi même ;
Cette sensation est comparable à la peur du vide qui suscite une réaction émotionnelle liée à la possibilité de disparaître dans des profondeurs abyssales sur la simple expression de la volonté ; l’angoisse est provoquée, non pas par le risque de chute fatale ( domaine du fini ), mais par l’infinité des conduites possibles dont certaines peuvent conduire au néant. « L’ANGOISSE EST LE VERTIGE DE LA LIBERTE » ; J'ai peur de tout ce que je peux faire, du pouvoir immense que me confère ma liberté.
ANGOISSE DU BIEN – ANGOISSE DU MAL
L’angoisse est une condition préalable au pêché originel ;
ADAM vit à l’origine dans un état d’innocence lié à son état d’ignorance ; l’interdiction provoque une entrave à sa liberté et suggère à l’homme innocent ( en état de neutralité ontologique ) cette capacité angoissante de pouvoir « le possible de la liberté s’annonce dans l’angoisse ».
L’angoisse du mal :
Suite à ce pêché originel, le pêché est introduit dans le monde de même que la liberté c'est-à-dire la multiplicité des possibles ;
Le pêché originel est une chute de l’individu qui peut préfigurer des chutes plus importantes ; une porte est potentiellement ouverte vers le néant, le vide et génère cette angoisse du mal ;
Le repentir est « la suprême contradiction éthique » ; il est une contradiction à l’affirmation de soi en tant que responsable de l’acte en question, la négation de soi en tant que coupable et un nouveau pêché par manque de confiance en la foi.
La seule issue est le SAUT passionné dans la sphère religieuse ;
La seule issue est le SAUT passionné dans la sphère religieuse ;
L’angoisse du bien
Kierkegaard définit le concept du « démoniaque » qui éprouve ‘en effet miroir, une angoisse du bien ; le démoniaque vit dans la misère morale et veut qu’on le laisse dans cet état par négation ou par crainte de l’éternité.
Le démoniaque se complait dans son sentiment de damnation.
L’angoisse, n’est pas un élément négatif, mais état affectif nécessaire car l’homme n’est ni exclusivement un ange ou un démon. Et sa disparition serait le signe de la perte de la liberté et le mode d’entrée dans le désespoir.
L’angoisse est un sentiment ontologique qui donne accès à l’école des possibles, à l’infini et à la foi (« la certitude intérieure »).
L’angoisse est un sentiment ontologique qui donne accès à l’école des possibles, à l’infini et à la foi (« la certitude intérieure »).
III- LE CONCEPT DE DESESPOIR
Abordé dans le traité de DESESPOIR ( 1849 )
Le DESESPOIR est la difficulté de l’homme devant les possibilités de sa propre personnalité ; c’est un état fondamental de la nature humaine ;
« il y a 2 formes du véritable désespoir. (…) : ne pas vouloir être soi-même, vouloir se débarrasser de son moi ou la volonté désespérée d’être soi-même » « l’incapacité du moi d’atteindre par ses seules forces à l’équilibre et au repos ».
le Désespoir se présente sous 2 formes distinctes :
- Le désespoir-défi
C’est le désespoir de vouloir être authentiquement soi-même par soi-même ;
Cet état peut conduire à imposer ses choix de manière tyrannique selon le principe que « la fin justifie les moyens » ( Nicolas Machiavel ) ; le désespoir-défi est de vouloir réaliser sur terre ce qui est de l’ordre du royaume céleste alors qu’aucun homme n’est investi de cette mission ;
L’homme commet un pêché en se substituant à la transcendance et en voulant incarner à lui-même l’infini ; en rendant l’église séculaire et politique, l’homme est en contradiction avec la signification rédemptrice de l’incarnation du christ.
- Le Désespoir résignation
Consiste à ne pas vouloir être soi même ; c’est renoncer avec résignation à sa personnalité au profit des normes établies
L’homme doit pouvoir réaliser la synthèse entre ces 2 pôles contradictoires ;
Il doit réaliser ses possibilités ( ordre du fini ) tout en dépassant ses limites
( ordre de l’infini ) ;
Pour Kierkegaard, seule la foi permet cette RECONCILIATION ;
La seule façon de s’affranchir du désespoir, est le saut dans la foi ;
La foi assure à l’homme que, malgré les limites de sa finitude, tout est possible à Dieu ;
Alors que le désespoir était une maladie mortelle au sens strict, c’est-à-dire un mal qui aboutit à la mort, sans plus rien après elle, la foi entrouvre une perspective nouvelle du possible.
IV- IRONIE HUMOUR
L’IRONIE
L’ironie est la plaisanterie derrière le sérieux alors que l’humour est le sérieux derrière la plaisanterie ;
« Ironiser, c'est dire le contraire de ce qu'on pense et feindre de prendre une chose au sérieux pour en mieux démontrer le ridicule » ;
Kierkegaard a écrit en 1841 « Le concept d’ironie constamment rapporté à Socrate ».
L’ ironie socratique est une ignorance simulée, s'exprimant en des interrogations naïves, que Socrate employait pour faire découvrir à ses interlocuteurs leur propre ignorance ; Socrate connaissait les limites de son propos et ce savoir négatif lui conférait une supériorité dialectique sur ses adversaires ;
L’ironie critique la réalité de toute chose en vertu d’un quelque chose de supérieur qu’elle ne peut connaître complètement ; si une situation est possible, la situation inverse est tout aussi possible ; l’infinité des possibles place l’homme face au néant (expérience du néant ) ;
Le tragique et le comique deviennent une seule et même chose ; ils constituent deux lectures de la dérision existentielle ; l’une souffrante et l’autre heureuse ;
L’Ironie est une expression indolore du tragique ;
L’ironie se situe aux limites du stade esthétique et du stade éthique ;
L’homme esthéticien, est ironise car il refuse de prendre sa vie au sérieux ; tous les possibles se valent et finalement il n’y a aucun destin, ni transcendance; l’absolu est réduit à rien en se situant dans l’immédiateté ; la dérision comique est dévastatrice ;
L’homme éthique, en se référant à une loi supérieure, fait également preuve d’ironie en observant le monde esthétique ; Il constate la superficialité des comportements et adopte une attitude de recul ironique.
L’HUMOUR
Kierkegaard valorise l’humour
Il marque le passage de l’éthique au religieux ; il consiste à parler gravement des choses légères ;
L’humoriste prend conscience que quelque chose existe au-delà de sa vie ; et cela lui permet de dépasser la souffrance existentielle sans jamais chercher à l’expliquer ;
L’humour est une réaction de rire face à l’énonciation d’une vérité tragique ( MDR : mort de rire ) ; Abraham va tuer son fils au nom de sa foi, mais Dieu l’interrompt in extremis ; cela n’était qu’une plaisanterie ( MDR ) ; le risible rend le tragique acceptable et permet, paradoxalement, de prendre l’existence au sérieux.
Ironie et humour sont des lieux de passage entre des situations transitoires: ils sont le mode d’expression qu'adopte l'homme éthique et l'homme religieux lorsqu'ils observent des sphères inférieures.