ORIGINE DE LA RELIGION SUITE

Publié le par docgyne

LES RELIGION ATHEES ou ATHEISME RELIGIEUX ?

 

SPINOZA  1632 - 1677 concept de l’immanence transcendante : La nature ou « la substance » est la cause première de tout ;

 

 

 

Baruch Spinoza  est un philosophe juif qui a vécu aux Pays-Bas ; il mène une réflexion sur la pratique religieuse dans un ouvrage : TRAITE THEOLOGICO-POLITIQUE ( TTP ) paru en 1670

 

Après avoir défini dans L’ETHIQUE le concept de substance : «  par substance, j’entends ce qui est en soi et est conçu par soi, c’est à dire ce dont le concept n’exige pas le concept d’une autre chose, à partir duquel il devrait être formé » en somme la cause sans cause de KANT, Spinoza  attribut à cette substance aussi bien Dieu que la Nature ; la notion de Dieu qui est synonyme de la notion de Nature représente la cause immanente de tout ce qui existe ; cette pensée, qui est équivalente à un panthéiste, est en contradiction avec la notion de Dieu Transcendant et extérieur au monde ;  les conséquences sont le rejet de tout déterminisme et une certaine forme d’Athéisme; l’homme libéré de toute volonté transcendante qui s’imposerait à lui, serait libre de conduire sa vie sans se soucier de son immortalité ; l’ontologie spinoziste est le point de départ d’un humanisme laïque ;

 

Spinoza distingue 3 types de religion :

 

-          La religion-superstition : bien que ces 2 mots soient en contradiction, une certaine forme de religion peut s’exprimer par une tendance à la superstition c’est à dire un usage pervers de la crédulité à des fins politiques ; la finalité étant de maintenir les hommes dans un état d ‘aliénation et de soumission ; la religion-superstition n’est fondée sur aucune réflexion mais sur la crainte égoïste d’un malheur ou l’espoir d’une récompense en cas de comportement en accord ou en désaccord avec une croyance irrationnelle venue souvent d’un héritage païen.

 

-          La religion morale et politique qui définit un code de bonne conduite permettant une vie harmonieuse entre les hommes sans se perdre dans des justifications rationnelles ou un enseignement ontologique; la priorité est donnée à l’action et à l’obéissance au détriment de la compréhension qui le plus souvent est illusoire ( «  je fais puis je comprends » NAASSE VE NICHMA ) 

 

-         La Religion PHILOSOPHIQUE

 

Le rapport à Dieu est celui d’une connaissance adéquate procurant une joie intérieure ou béatitude ; par extension , l’amour ne serait pas la fusion de 2 êtres, mais la joie éprouvée par chacun par la connaissance de l’autre ; l’amour de Dieu, que Spinoza appelle L’amour intellectuel de Dieu, est la joie de connaître un monde immanent sans espérer un échange « immoral » que Dieu puisse manifester de l’amour en retour ;

 

Il existe donc une opposition au monothéisme  anthropomorphique et affectif, perceptible en particulier dans le christianisme ; un Dieu d’amour n’est pas un dieu compassionnel ; Spinoza lui substitue la joie ou la béatitude née de l’immanence assimilée dans sa dimension cognitive et rationnelle ;

 

Spinoza relativise le contenu des rites qui ne sont que l’expression d’une société donnée, et donc dénués de  vertu universelle ;

 

NIETZSCHE  1844- 1900 Le nihilisme : «  La mort de Dieu  »

 

 

Nietzsche essaie de comprendre le développement du fait religieux et sa décadence ;

 

Dieu résulterait d’un phénomène d’auto-suggestion ; une tentative délirante d’explication des phénomènes naturels ; confondant l’effet et la cause, l’homme édifie une théorie cosmologique et considère ensuite que ce qu’il a imaginé est le fruit d’une révélation divine ; par mécanisme de schizophrénie, d’illusion délirante, il admet comme vérité ce qui est issu de son imagination ; et ainsi peut se protéger de la dureté de la vie par l’espoir d’une autre vie plus prometteuse ;

 

La religion aura ensuite recours à un fondateur qui va propager cette vision par un phénomène de masse en adaptant un style de discours à un groupe sociologique ; 

 

Nietzsche analyse de façon critique, les concepts judéo-chrétiens et déduit que la morale religieuse repose sur « une transmutation des valeurs » qui va inverser le sens des concepts de bons et mauvais ; les faibles : les esclaves, le troupeau, sont animés de forces réactives caractérisées par de l’agressivité et du ressentiment ( vengeance ) face aux forces actives, les forts ( ceux qui sont capables de se maîtriser, de créer ) ;

 

Et la religion serait une arme entre les mains des faibles pour exprimer leur ressentiment et assujettir les forts ; ainsi la pitié, l’altruisme, les valeurs humanitaires sont un système illusoire monté de toute pièce pour se venger de la domination des forts ;

 

 

FEUERBACH  ( 1804-1872 ) La religion est une illusion : c’est l’homme qui a créé Dieu

 

 

C’est un philosophe allemand  qui est parti de la réflexion Hégélienne pour développer une critique athée de la pensée religieuse ;

 

Pour Hegel la religion est « le but final absolu » de la conscience humaine ;

 

Dans L’essence du christianisme ( 1841 ) ; Feuerbach démystifie le sentiment religieux ; ce n’est pas dieu qui fait l’homme mais l’homme qui fait Dieu ; et Dieu ne serait que l’image inversée, en négatif de l’homme ; en effet l’homme est incapable de réaliser par ses propres moyens la vérité, le bien , l’amour et va transférer ces attributs humains à un être supérieur imaginaire qu’il appelle Dieu ; la logique religieuse est bâtie sur ce processus d’aliénation c’est-à-dire de perte de soi au profit d’un autre ; par cette soumission aveugle, l’homme concentre toutes ses forces dans cette illusion religieuse et occulte sa raison et sa volonté dans cet amour du divin ; les institutions religieuses, par l’intermédiaire de leurs prêtres, vont contrôler le meilleur de l’homme ( bonté, équité, clairvoyante, compassion … )  pour le projeter dans un « autre » fictif mais pour Feuerbach, la religion conserve une nécessité historique comme une étape de transition vers une prise de conscience de l’essence humaine ; l’homme doit se libérer de cette aliénation en Dieu en se réappropriant ces valeurs inhérentes à l’espèce humaine et se rendre maître de son destin. Il ne s’agit donc pas de révolutionner la morale traditionnelle mais d’en extraire l’élément divin ; réaliser en somme une morale laïque athée.

 

 

 Karl Marx ( 1818 – 1883 ) La religion est l’opium du peuple

 

 

Marx s’inspire de cette logique de l’inversion développée par Feuerbach ; il adhère au caractère « illusoire » de cette dialectique Homme /Dieu ; il reprend le thème «  c’est l’homme qui fait la religion » ; mais Marx va plus loin , la religion ne serait qu’une fuite de l’homme vers un imaginaire lénifiant et sédatif ; la religion est « l’opium du peuple » ; sa fonction est d’anesthésier, mystifier, narcoser les hommes pour les aider à supporter leur misère et leur exploitation ;  la conséquence est le maintien de  l’ordre bourgeois grâce à l’illusion d’un monde mythique plus juste;

 

La pensée religieuse ne serait pas une idéologie propagée par une classe nantie pour subjuguer une classe laborieuse mais un mécanisme fictif  d’auto-défense, de consolation, de justification de la souffrance ; il y aurait une transition de la superstructure à la supercherie ; une conversion en une névrose obsessionnelle ;

 

Marx pense donc qu’il faut éliminer la religion de la classe ouvrière afin qu’elle prenne conscience de sa misère et qu’elle prenne en main son destin par la lutte révolutionnaire. ; il prône la dictature du prolétariat dont le but final est une société sans classe et sans état, fondée sur la mise en commun des moyens de production et l’abolition de la propriété privée; cette idéologie dite « communiste » qui, à l’origine était basée sur le matérialisme sociale, s’est vite  érigée en pratique, en une véritable église ; le sens de l’histoire s’apparente étonnamment à une vision messianique ; l’absence de place pour tout autre idéologie ( les partis sont relégués aux « poubelles de l’histoire »)  et la sacralisation des dirigeants constituent une résurgence du phénomène religieux mais avec une expression laïque et totalitaire ; il est difficile de se débarrasser des icônes ;

 

 

Le « désenchantement du monde » peut donner une nouvelle place à la religion :

 

 

MAX WEBER ( 1864- 1920 )

 

 

Philosophe allemand considéré comme le fondateur de la sociologie ; il ne nie pas les théories marxistes fondées sur le rôle prépondérant des « relations de production » dans l’interprétation des faits sociaux, mais celles ci n’expriment pas totalement la complexité du fait socio-religieux ;

 

Pour Weber la rationalisation croissante du monde,  c’est-à-dire la volonté de contrôle et de domination de la nature et de la société, aboutit à optimiser les relations sociales dans le sens de leur efficacité et leur rentabilité ; le capitalisme moderne en est l’organisation la plus puissante et la plus rationnelle ; le protestantisme calviniste réunit des conditions favorables d’épanouissement et donne du sens à cet esprit capitaliste ; les éléments puritains catalyseurs sont : la prédestination au salut ou à la damnation, la vocation terrestre de l’homme à travailler par obéissance à la loi divine, la valorisation de la réussite professionnelle ( L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme 1906 ) ; Le travail devient une fin en soi pour la gloire de Dieu ;

 

Cette rationalisation du monde occidental est lié au phénomène de désenchantement du monde, la perte de la croyance en l’existence de moyens magiques et plus généralement en l’effet de Dieu sur le monde ; elle a pour conséquence une perte du sens du monde, un appauvrissement spirituel, nihilisme, bureaucratie ; le vide est source de nostalgie, un nouvel esprit religieux peut renaître de ses cendres dans une dimension imprévisible ;

 

 

La vision Freudienne de la religion

 

 

FREUD  ( 1856 – 1939 )

 

 

Freud s’appuie sur les thèses phylogénétiques de DARWIN  et Lamarck, en particulier la théorie des 3 « phases » empruntées aux anthropologues : la phase animiste ( fétichiste ) ; la phase religieuse ( polythéiste puis monothéiste ) ; la phase scientifique ;  l’esprit humain progresserait selon une « loi » universelle à travers 3 états :

 

-          dans l’enfance : un état théologique

 

-          A l’adolescence : un état métaphysique

 

-          A l’âge adulte : un état scientifique

 

 

1° -  dans l’enfance : l’esprit humain est anthropomorphiste à l’image de cette dépendance des parents qui sont représentés comme des géants ou des dieux, l’univers est peuplé de dieux, de puissances surnaturelles à laquelle on exprime une déférence ; c’est la phase théologique ; quand des phénomènes interviennent, ceux qui échappent à notre entendement trouvent en la magie ou la toute puissance leur origine ;

 

 

2° - A l’Adolescence ; il existe une nostalgie de ce monde magique, féerique, qui peut donner lieu à des sentiments de mélancolie, culpabilité ou ressentiment ;

 

la croyance serait un mécanisme de réparation ; une quète du paradis perdu ; la religion devient alors un processus de recouvrement de la félicité d’origine ; un fantasme du ventre maternel, le désir d’être un élément du tout ; cette pulsion de fusion dans la masse ( auto-dissolution du moi est en opposition avec cette recherche de l’individuation incarnée par le diable dans beaucoup de religions ;

 

A l’adolescence, l’esprit humain est tourné vers la métaphysique ; il se produit une tendance à la conceptualisation de la cosmologie en se dégageant de l’anthropomorphisme;

 

 

3° - A l’âge adulte

 

l’esprit humain adopte une conception scientifique du monde ; on recherche derrière les faits une rationalité ; on réalise que les dieux ne sont que le fruit de l’imaginaire ; une explication simpliste des phénomènes sans cause apparente ;

 

cependant le vieillissement entraîne des épreuves cruelles, des peines, et enfin une  prise de conscience de notre finitude ; la religion prend de nouveau sa place comme pourvoyeuse d’un nouvel espoir ; d’une illusion en un au-delà, en un dieu providence protecteur face à la dureté de la vie ;

 

plutôt qu’une fuite en une névrose individuelle, le choix se porte inconsciemment vers une névrose obsessionnelle universelle ; la religion remplit alors une fonction de sédatif ou d’anxiolytique par la promesse d’un au-delà à la dimension de nos attentes.

 

 

Les mythes et les rites ont du sens : ils construisent notre inconscient

 

 

Claude LEVY-STRAUSS : les mythes donnent du sens aux objets

 

né en 1908 et dont fêtera le centenaire en 2008

 

il s’est opposé à DURKHEIM en particulier sur l’idée que la société est à la source de toute forme de pensée, que ce soit la pensée religieuse ou scientifique ;

 

CLS dénonce l’identification du totémisme à une institution autonome, distincte de la religion ; le discours religieux a pour substrat la totalité de d’expérience humaine ; dans cette approche structuraliste, la religion n’a de sens que par rapport à un tout ; «  le totémisme est une unité artificielle qui existe seulement dans la pensée de l’ethnologue et à quoi rien de spécifique ne correspond en dehors  » ;

 

CLS, en développant l’illusion de l’ethnocentrisme, relève l’ « illusion archaïque » qui consiste à croire que la «  pensée primitive » pourrait être une pensée primaire, encore au stade d’enfance de la pensée ; et dont l’évolution finale serait nos croyances ;

 

L’illusion est de croire que les religions étrangères sont des formes puériles voire sauvages de nos systèmes culturels ;

 

La magie, comme la science , est un système d’approche, inégale quant à son résultat, de la connaissance du monde ; La pensée sauvage , loin d’être « pré-logique », à l’instar de la démarche scientifique , identifie, ordonne, interprète les phénomènes ; l’objectif, n’est pas la domestication de la nature, mais la construction d’un modèle pourvu d’une signification ; à ce titre, les mythes seraient de puissantes organisations capables de donner du sens aux objets, aux signes et au monde vivant au point parfois de produire un excès de signifiant par rapport au signifié; ce décalage pourrait être à l’origine de l’inconscient ;

 

L’ethnologue en fait étudie, non pas la vérité de l’homme, mais la vérité à travers l’Homme ;

 

 

 

 

Le fondamentalisme : une lecture totalitaire de la religion

 

 

Etymologiquement

 

C’est un retour à une « forme » primitive, stricte d’une doctrine religieuse ;

 

Il traduit l’attachement passéiste, réactionnaire au texte religieux ;

 

En effet avec le temps, le texte sacré a subi diverses interprétations permettant une adaptation de la loi à la réalité du moment ; la dérive fondamentaliste consiste à revenir au texte premier pour définir une nouvelle  orthopraxie ;

 

Cette notion très ancienne, déjà connue au VIII° siècle avec le karaïsme qui enseignait la primauté de la loi écrite ( torah ) sur le talmud , a permis le développement de nombreuses sectes ;

 

Mais cette notion prend une coloration différente avec le Fondamentalisme révolutionnaire qui met en exergue la conception d’une vérité unique et absolue ;

 

 

Le FR s’inscrit dans un courant religieux conquérant, coercitif vis-à-vis des coreligionnaires plus laxistes et de tous les mécréants ( membres des autres confessions, agnostiques ou athées ) ;

 

La violence la plus barbare trouve alors sa légitimité pour renverser l’ordre impie ; le fondamentalisme révolutionnaire n’est pas l’apanage des musulmans dits « intégristes », il s’est rencontré tout au long de l’histoire avec les croisades, les guerres de religion du moyen âge la saint-Barthélemy, l’inquisition ; les guerres civiles religieuses d’Irlande ;

 

 Actuellement le FR musulman est le plus préoccupant, comme une résurgence ténébreuse du passé ; cette forme d’Islam a des fondements politiques et mêle sans distinction le spirituel et le temporel à des fins hégémoniques ;

 

Mais d’où vient que chaque religion est amenée à exprimer par la violence son attachement à sa foi ?

 

La religion est-elle finalement le vecteur nécessaire de cette violence ?

 

Les religions ont à la fois un message pacifique et belliqueux ; le problème est celui de l’interprétation singulière des écritures sacrées ; c’est le principe de l’auberge espagnole, on y trouve ce qu’on y amène ; les écritures sont le reflet de nos fantasmes et de notre propre violence ; les pulsions destructrices propres à l’homme trouvent leur légitimité, leur sublimation dans la foi qui se transforme alors en fanatisme religieux ;

 

La religion révèle la Vérité ; aussi la foi en cette vérité absolue provoque le rejet de toute autre vérité ;

 

La soumission aveugle au dogmatisme sacré dans sa dimension fondamentale peut-être à l’origine d’une illusion religieuse en décalage avec la raison ; le fanatisme commence lorsque la vérité religieuse est portée en vérité objective, universelle ; les textes sacrés ne peuvent être conçus que comme une approche personnelle, subjective du lien entre l’individu et l’infini ; une thérapie symbolique face à l’angoisse existentielle ;

 

La violence religieuse peut apparaître dès que la religion sort du cadre privé ; en particulier quand elle revêt une dimension politique et idéologique ; c’est la raison pour laquelle la plupart des sociétés démocratiques ont bâti un droit laïc avec une séparation des églises et de l’état ; la société est pluraliste et doit respecter la subjectivité de chacun ; la conversion universelle de toute une population à une éthique religieuse reste un mythe, un miracle qui provoquerait un délire spontané collectif utopique ;

 

Cependant la vision onirique n’a pas de limite ; la violence religieuse apparaît quant cette illusion se transforme en vérité universellement imposée.

 

 

La religion à travers ses rituels n’exprime t-elle pas un TOC ( Trouble obsessionnel compulsif ) ?

 

 

Un toc est  un besoin incontrôlable, irrépressible,  d’accomplir régulièrement certains actes dictés par une impulsion ; le sujet se sent obligé d’accomplir un certain rituel consciemment en réponse à une obsession ; ce comportement a pour finalité de neutraliser ou du moins de diminuer le sentiment de détresse qui naîtrait d’une abstention et d’empêcher une situation redoutée.   

 

Ces troubles sont liés à un dysfonctionnement de certains neuromédiateurs cérébraux ;*

 

 

La religion impose un certain rituel par la promesse ultérieure du royaume de Dieu ; ce rituel rythme intégralement la vie de l’individu ; il a pour but de consolider l’alliance d’un individu avec Dieu, et par extension de lier un groupe ethnique pratiquant le même rituel ;  le symbolisme de l’acte est un facteur de lien au sein d’une communauté et également d’unité ;

 

Les rites ont pour fonction de structurer la vie de l’individu dans son organisation quotidienne et dans les grandes étapes de transition marquant les changement de statut : la naissance, le baptême, la puberté, la grossesse, le mariage, la mort; ces rites sont nommés Rite de passage ;

 

La finalité est de donner une vision apaisée, thérapeutique face à la temporalité ou à la métamorphose ;

 

Le rite comporte à travers sa valeur symbolique une charge émotionnelle tendant à rassurer l’individu ; le plus expressif est le rite funéraire qui vise à fixer le défunt dans sa dernière demeure, antichambre de l’au-delà et permettre à la fois la prise de conscience de la réalité de la perte et le détachement vis-à-vis de la personne disparue.

 

Le rite a pour fonction donc d’éviter le deuil pathologique, rassurer l’individu sur son propre devenir, éviter la propagation des agents infectieux (par la séparation physique complète des proches du défunt de la société pendant une semaine dans le judaïsme) ;

 

Le rite religieux est ainsi revêtu d’une portée thérapeutique qui le prémunit des doutes de la réflexion cartésienne;

 

A contrario, se dispenser du rituel quand toute une éducation religieuse en a inscrit dans l’inconscient la nécessité provoque une détresse comparable à celle de l’obsessionnel qui manifeste ses Tocs, conscient qu’il est victime de sa propre activité mentale ; on retrouve en commun ce même sentiment de honte ou de culpabilité.

 

Dans un cas le TOC s’exprime isolément chez un individu alors qu’il parait absurde au regard de la rationalité du comportement normal ; par ailleurs le rite religieux est également irrationnel mais il est normal et recommandé par la foi ; et s’en soustraire revient à se dissocier d’une communauté spirituel et perdre ce LIEN avec Dieu que constitue la religion ;

 

 

 

RELIGION ou SECTE : les limites 

 

 

Définition : une secte est un groupement organisé dont les membres ont adopté une doctrine et des pratiques différentes de celles de la religion primitive ;

 

 

Historiquement il existe une notion de dissidence par rapport à un groupe religieux majoritaire sans aucune connotation péjorative ;

 

 

Etymologiquement , secte dérive de sequi, qui signifie « suivre » ou de sectare, qui signifie « couper »

 

On retrouve l’idée de suivre un leader sécessionniste ; 

 

 

Mais avec l’apparition des nouveaux courants sectaires, le mot secte revêt une très forte connotation péjorative ; elle désigne des groupement totalitaires aliénant ses adeptes pour les exploiter ; les adhérents sont en rupture avec la société et ses normes ;

 

Définition de la Commission Des droits de l’Homme : « groupement se présentant ou non comme une religion et dont les pratiques sont susceptibles  de tomber sous le coup de la législation protectrice des droits des personnes ou du fonctionnement de l’Etat de droit » ;

 

 

Contrairement à la religion, la notion de Dieu est remplacée par l’idée qu’un individu disposant de facultés charismatiques est l’héritier d’un pouvoir transcendantal lui donnant une autorité absolue sur tous ses adeptes ;

 

Par des méthodes de manipulation mentale, une illusion collective est construite de toute pièce pour servir les ambitions délirantes d’une organisation totalitaire ;

 

 

Le courant sectaire ressemble au courant religieux ou plus exactement il s’inspire du courant religieux pour véhiculer un message pervers, en décalage avec l’intérêt de l’adepte ; Le mysticisme , l’ésotérisme sont habituels, le rite religieux, les nouvelles obligations dogmatiques   inscrivent l’adepte dans un nouveau référentiel ;

 

 

La distinction par rapport à la religion reste le bénéfice réel pour l’adepte ; encore que cette notion reste très difficile à apprécier ; le plus souvent l’escroquerie est manifeste et relève d’une juridiction pénale ; exploitation financière, abus sexuel, manipulation mentale, brimades et sévices corporels sont fréquents ;

 

Partant de cette notion péjorative du mot secte, ces courants de pensée parlent plutôt de « nouveaux mouvements religieux » , de nouvelles spiritualités ; mais la critique porte toujours sur la notion de manipulation mentale, d’endoctrinement ;

 

L’individu souvent atteint d’une pathologie névrotique, d’un infantilisme psychique vient chercher dans une collectivité une protection magique dont le prix à payer est  une soumission inconditionnelle à une communauté souvent totalitaire ; rien ne s’oppose à ce que chacun adopte la spiritualité qu’il désire, encore faut-il que la liberté de choix puisse s’exprimer ; la vulnérabilité mentale ( névrose, dépression, perte des repères sociaux) offre  à des organisations sectaires une emprise sur l’individu ; mais il appartient aux institutions judiciaires que chaque personne, membre de ces groupements,  soit bien capable d’exercer son libre arbitre et d’interdire les sectes qui ont donné lieu à des malversations et escroqueries ;

 

Certaines religions peuvent avoir un comportement sectaire ; sans revenir sur le fondamentalisme religieux révolutionnaire islamique, certains groupes orthodoxes ont tendance à pratiquer un véritable endoctrinement par un programme d’enseignement religieux exclusif, rompre les liens avec le monde non orthodoxe au point de créer une véritable aliénation, influencer les mariages intra-communautaires sous peine d’anathèmes ; réclamer des dons numéraires pour alimenter une autorité religieuse organisée .

 

 

CONCLUSION

 

 

Toute religion a comme support la foi dans le sacré ; un culte collectif ; une église qui définit les obligations cultuelles ; elle propose fréquemment une doctrine du Salut de nature à réconforter l’individu face à ses angoisses existentielles ; la société civile s’est largement inspirée du modèle religieux pour fonder ses lois ; mais la garantie de la liberté et du pluralisme a été la séparation du politique du religieux ;

 

La religion apporte un effet thérapeutique certain pour les individus librement consentants qui en expriment le besoin ;  mais le système repose sur une illusion ennemie de la raison puisqu’on ne peut ni démontrer, ni infirmer l’existence de Dieu ; la religion possède une certaine cohérence si on admet, par le truchement de la révélation,  les postulats, les dogmes ; elle s’apparente alors aux disciplines mathématiques qui demeurent vraies dans un référentiel donné ; l’objectif recherché n’est pas la démonstration illusoire de l’irrationnel mais la paix de l’âme ; la philosophie a la même ambition, sans la soumission à un Dieu ou à une organisation pontificale mais la critique qu’elle propose génère plus de questions que de réponses.

 

Hormis « la Secte » qui pourrait être l’art de la manipulation, « la Religion » est l’art de la réponse alors que « la philosophie » est l’art de la question. 

 

Publié dans docgyne

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article